Library / Literary Works

    Albert Samain

    Faust

    Ô Faust, ta lampe blême expire de sommeil ;
    La page où tu lis tourne au vent frais de l’aurore.
    Lève le front, regarde... au chant du coq sonore
    La face du seigneur monte dans le soleil !

    Pendant qu’au pavé nu tu crispes ton orteil,
    Vois, le monde tressaille, heureux d’un jour encore.
    Ta vie est un serpent maudit qui se dévore.

    Ton âme ? - ta science affreuse l’a tuée.
    Ta raison ? - laisse là cette prostituée
    Qui s’est donnée à tous, et qui n’a point conçu.

    Mais Hélène aux bras blancs passe au loin sur la grève,
    Et ton cœur, ton vieux cœur à la fin se soulève,
    Devant le corps divin voilé d’un long tissu,

    Vers le seul rêve humain qui n’ait jamais déçu.




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