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    Côte d’Ivoire : Une patate douce aux mille et une vertus

    Une variété de patate douce à chair orange (PDCO), mise au point par des chercheurs du Centre national de recherche agronomique (CNRA) en collaboration avec l’organisation Helen Keller International, s’impose de plus en plus en Côte d’Ivoire.



    La patate douce à chair orange lutte contre la malnutrition chez l'enfant, entre autres qualités. Crédit image: E. B. Dibi Konan


    Selon les chercheurs, cette patate, consommée sous forme de ragoût ou de bouillie après avoir été transformée en farine, constitue une réponse à la carence en vitamine A des femmes enceintes et des nouvelles mères, tout comme elle aide à faire face à la malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans.

    « La carence en vitamine A menace la santé des femmes enceintes et des nouvelles mamans, car elle contribue à la mortalité maternelle et aux mauvais résultats en matière de santé pendant la grossesse et l’allaitement » soutient Pkayirigué Adama Sékongo, coordinateur terrain chez Helen Keller International à Korhogo.

    L’introduction de la PDCO en Côte d’Ivoire a été motivée par la forte prévalence de la malnutrition observée dans le pays selon des enquêtes menées en 2009 et 2010.

    Avec notamment 12,6% des ménages qui étaient confrontés à une insécurité alimentaire, un tiers des enfants de moins de 5 ans touchés par une malnutrition chronique et 5% par une malnutrition aiguë.

    « La PDCO est riche en béta carotène et en vitamine A qui sont des micro-nutriments essentiels pour la prévention de la malnutrition et de la cécité. La vitamine A améliore en outre la croissance des enfants et renforce leur système immunitaire », affirme pour sa part Pkayirigué Adama Sékongo.

    Selon Evrard Brice Dibi Konan, spécialiste de la patate douce et point focal du Réseau international sur la patate douce au CNRA, la patate douce à un grand atout qui est son côté nutritionnel, avec des éléments minéraux, des vitamines, une richesse en antioxydants.

    Témoignage avec Dorcas Soro, présidente du groupement des femmes productrices de Komborodougou dans le nord du pays. « Cela fait trois ans que j’ai connu cette patate.

    Aujourd’hui, les femmes ne conduisent plus beaucoup trop les enfants en consultation médicale pour les questions de malnutrition. Or, auparavant, on avait des cas sévères mais ces derniers temps, cela n’est plus arrivé », soutient-elle.

    En outre, la facilité de sa culture a suscité un vif intérêt de la population pour la PDCO, du Nord au Sud avec un rendement de l’ordre de 20 à 30 tonnes sur une période de 3 à 4 mois ; donc un cycle de production court…

    Evrard Brice Dibi Konan souligne aussi que la forme de provitamine A que contient la PDCO « coûte moins cher que les complémentations chimiques et est facile à cultiver. La patate douce elle-même contient beaucoup de fibres qui retiennent le sucre naturellement présent dans la chair et stabilise la glycémie. »

    Justement, Jules Kouassi, spécialiste en santé publique et nutrition soutient que « les patates douces stabilisent le taux de glycémie en diminuant la résistance à l’insuline grâce aux sucres naturels et aux fibres qu’elles contiennent. »

    Aussi, ajoute-t-il, « contrairement à un certain mythe, la patate douce est un aliment souvent recommandé aux diabétiques car elle a un indice glycémique (IG) plus faible que beaucoup d’autres féculents. Cela est dû en partie à sa teneur élevée en fibres. ».

    Pour autant, « il n’y a pas suffisamment de preuves sur l’efficacité de l’utilisation de la patate douce pour le traitement du diabète sucré de type 2 », affirme Jules Kouassi qui est par ailleurs enseignant à la chaire Unesco de l’université Félix Houphouët-Boigny à Abidjan-Cocody. (SciDev.Net)

    20 AVRIL 2024

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