Library / Literary Works

    Émile Verhaeren

    Soir religieux (V)

    Un silence souffrant pénètre au cœur des choses,
    Les bruits ne remuent plus qu'affaiblis par le soir,
    Et les ombres, quittant les couchants grandioses,
    Descendent, en froc gris, dans les vallons s'asseoir.
    Un grand chemin désert, sans bois et sans chaumières,
    A travers les carrés de seigle et de sainfoin,
    Prolonge en son milieu ses deux noires ornières
    Qui s'en vont et s'en vont infiniment au loin.
    Dans un marais rêveur, où stagne une eau brunie,
    Un dernier rais se pose au sommet des roseaux ;
    Un cri grêle et navré, qui pleure une agonie,
    Sort d'un taillis de saule où nichent des oiseaux ;
    Et voici l'angelus, dont la voix tranquillise
    La douleur qui s'épand sur ce mourant décor,
    Tandis que les grands bras des vieux clochers d'église
    Tendent leur croix de fer par-dessus les champs d'or.




    VOUS POURRIEZ AUSSI ÊTRE INTÉRESSÉ PAR


    © 1991-2023 The Titi Tudorancea Bulletin | Titi Tudorancea® is a Registered Trademark | Conditions d'utilisation
    Contact