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    François-René de Chateaubriand

    Les Adieux

    Le temps m'appelle : il faut finir ces vers.
    A ce penser défaillit mon courage.
    Je vous salue, ô vallons que je perds !
    Ecoutez-moi : c'est mon dernier hommage.
    Loin, loin d'ici, sur la terre égaré,
    Je vais traîner une importune vie ;
    Mais quelque part que j'habite ignoré,
    Ne craignez point qu'un ami vous oublie.
    Oui, j'aimerai ce rivage enchanteur,
    Ces monts déserts qui remplissaient mon cœur
    Et de silence et de mélancolie ;
    Surtout ces bois chers à ma rêverie,
    Où je voyais, de buisson en buisson,
    Voler sans bruit un couple solitaire,
    Dont j'entendais, sous l'orme héréditaire,
    Seul, attendri, la dernière chanson.
    Simples oiseaux, retiendrez-vous la mienne ?
    Parmi ces bois, ah ! qu'il vous en souvienne.
    En te quittant je chante tes attraits,
    Bord adoré ! De ton maître fidèle
    Si les talents égalaient les regrets,
    Ces derniers vers n'auraient point de modèle.
    Mais aux pinceaux de la nature épris,
    La gloire échappe et n'en est point le prix.
    Ma muse est simple, et rougissante et nue ;
    Je dois mourir ainsi que l'humble fleur
    Qui passe à l'ombre, et seulement connue
    De ces ruisseaux qui faisaient son bonheur.


    Tableaux de la nature




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