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    François Villon

    Ballade des povres housseurs

    On parle des champs labourer,
    De porter chaulme contre vent,
    Et aussi de se marier
    A femme qui tance souvent ;
    De moyne de povre couvent,
    De gens qui vont souvent sur mer ;
    De ceulx qui vont les bleds semer,
    Et de celluy qui l’asne maine ;
    Mais, à trestout considérer,
    Povres housseurs ont assez peine.

    A petis enfans gouverner,
    Dieu sçait se c’est esbatement !
    De gens d’armes doit-on parler ?
    De faire leur commandement ?
    De servir Malchus chauldement ?
    De servir dames et aymer ?
    De guerrier et bouhourder
    Et de jouster a la quintaine ?
    Mais, à trestout considérer,
    Povres housseurs ont assez peine.

    Ce n’est que jeu de bled soyer,
    Et de prez faulcher, vrayement ;
    Ne d’orge battre, ne vanner,
    Ne de plaider en Parlement ;
    A danger emprunter argent ;
    A maignans leurs poisles mener ;
    Et à charretiers desjeuner,
    Et de jeusner la quarantaine ;
    Mais, à trestout considérer,
    Povres housseurs ont assez peine.




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