Library / Literary Works

    Marc-Antoine Girard de Saint-Amant

    Sonnet

    Assis sur un fagot, une pipe à la main,
    Tristement accoudé contre une cheminée,
    Les yeux fixes vers terre, et l’ame mutinée,
    Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.

    L’espoir, qui me remet du jour au lendemain,
    Essaye à gaigner temps sur ma peine obstinée,
    Et, me venant promettre une autre destinée,
    Me fait monter plus haut qu’un empereur romain.

    Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,
    Qu’en mon premier estat il me convient descendre,
    Et passer mes ennuis à redire souvent :

    Non, je ne trouve point beaucoup de difference
    De prendre du tabac à vivre d’esperance,
    Car l’un n’est que fumée, et l’autre n’est que vent.




    VOUS POURRIEZ AUSSI ÊTRE INTÉRESSÉ PAR


    © 1991-2023 The Titi Tudorancea Bulletin | Titi Tudorancea® is a Registered Trademark | Conditions d'utilisation
    Contact