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    Antony Valabrègue

    Promenade d’hiver

    L’hiver qui vient, tardif et lent,
    Laisse encor les branches flétries
    Briller dans le soleil tremblant
    Sur les arbres des Tuileries.

    Dans le jardin comme autrefois
    Elle suit les vieilles allées,
    Que le souffle des premiers froids
    D’un frisson à peine a troublées.

    Elle tient son fils par la main,
    Ainsi qu’un jeune camarade ;
    L’enfant, que tout charme en chemin,
    La distrait dans sa promenade.

    C’est pour elle tout un bonheur
    De se prêter au babillage
    De ce cher petit promeneur
    Qui grandit, fait à son image.

    Elle retrouve en lui la fleur
    De toutes les choses passées ;
    Il a ses traits, et sa pâleur,
    Souvent même il a ses pensées ;

    Mais le ciel frileux et changeant
    Où le doigt de l’hiver se pose,
    Terni dans sa blancheur d’argent,
    Se couvre d’une vapeur rose.

    L’enfant devient silencieux :
    L’air froid le tourmente et le lasse.
    Le vent lui fait baisser les yeux,
    Avec son souffle qui le glace.

    Souvent il souffre ainsi le soir.
    Sa mère, qu’une crainte oppresse,
    Triste, en secret, pense, à le voir,
    Qu’il tient d’elle cette faiblesse.

    Elle a peur du vague avenir,
    Dont l’ombre déjà la menace.
    Comme elle voudrait retenir,
    Vain effort, cette heure qui passe !

    De tout son être elle défend,
    Le serrant d’un geste plus tendre,
    Ce fils si frêle, unique enfant,
    Dont l’amour semble la comprendre.

    Et, l’embrassant d’un long regard,
    Elle rêve, en son cœur qui tremble,
    De la mort comme d’un départ,
    Qui tous deux les prendrait ensemble.




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