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    Tristan L’Hermite

    Consolation à Idalie sur la mort d'un parent

    Si la Mort connaissait le prix de la valeur
    Ou se laissait surprendre aux plus aimables charmes
    Sans doute que Daphnis garanti du malheur,
    En conservant sa vie, eût épargné vos larmes.
    Mais la Parque sujette à la Fatalité,
    Ayant les yeux bandés et l'oreille fermée,
    Ne sait pas désigner les traits de la Beauté,
    Et n'entend point le bruit que fait la Renommée.
    Alexandre n'est plus, lui dont Mars fut jaloux,
    César est dans la tombe aussi bien qu'un infâme :
    Et la noble Camille aimable comme vous,
    Est au fond du cercueil ainsi qu'une autre femme.
    Bien que vous méritiez des devoirs si constants,
    Et que vous paraissiez si charmante et si sage,
    On ne vous verra plus avant qu'il soit cent ans,
    Si ce n'est dans mes vers qui vivront davantage.
    Par un ordre éternel qu'on voit en l'univers
    Les plus dignes objets sont frêles comme verre,
    Et le Ciel embelli de tant d'Astres divers
    Dérobe tous les jours des Astres à la Terre.
    Sitôt que notre esprit raisonne tant soit peu
    En l'Avril de nos ans, en l'âge le plus tendre,
    Nous rencontrons l'Amour qui met nos cœurs en feu,
    Puis nous trouvons la mort qui met nos cœurs en cendre.
    Le Temps qui, sans repos, va d'un pas si léger,
    Emporte avecque lui toutes les belles choses :
    C'est pour nous avertir de les bien ménager
    Et faire des bouquets en la saison des roses.




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